Monarchistes: Quel héritage ?

Jean d orleans«Voici le nouveau chef de la maison de France ! Jean, duc de Vendôme. C’est lui qui a annoncé, le 21 janvier dernier la mort de son père Henri, comte de Paris ». Le ton est donné dans « Le décrypteur », l’émission du Figaro Live consacrée au monarchisme, son héritage, mais aussi quel avenir peut-il représenter pour la France. Et de futur, il en est actuellement question. En prenant la succession de son père, le prince Jean d’Orléans incarnera-t-il cet espoir pour un Hexagone traversée par une crise sociale et politique sans précédents ? Le retour de la monarchie est-il la solution que les Français devraient désormais envisager ? Les princes appartiennent –ils au folklore, ont-ils une quelconque utilité en ce début de siècle, un rôle à jouer en France… ?

Autant de questions à poser que de réponses attendues. Pour cette émission, le journaliste Vincent Roux a invité 3 têtes bien connues du royalisme français. Philippe Delorme, historien, spécialiste des royautés, ancien journaliste de Point de Vue, qui va évoquer la mémoire du comte de Paris, Henri d’Orléans, auquel il était très lié, Bertrand Renouvin, qui ramené aux expressions d’aujourd’hui, avait fait le « buzz » en se présentant comme candidat à l’élection présidentielle de 1974 et enfin Hilaire de Crémiers, fondateur de Politique Magazine et ancien secrétaire du prince Jean d’Orléans, à l’époque dauphin désigné.

Dès le début, Vincent Roux fait part de l’ampleur de cette émotion qui a été perceptible sur les réseaux sociaux à l’annonce du décès du descendant de « Monsieur », frère du roi Louis XIV. « Une mort brutale » alors qu’il s’apprêtait à venir rejoindre ses partisans venus commémorer à l’église Saint-Germain l’Auxerrois la mort de Louis XVI. Une fin « troublante, surprenante (…), pratiquement à l’heure même où Louis XVI a été exécuté, il y’a 226 ans » rappelle Philippe Delorme qui note cette coïncidence symbolique. Dans les veines de son fils, désormais « Jean IV de France » pour l’histoire, coule mille ans d’histoire capétienne.  Il hérite d’un « bilan contrasté de son père » analyse Philippe Delorme, connu pour avoir résolu le «mystère du Temple ». Henri d’Orléans qui a été « constamment dans l’ombre d’un père écrasant, qui aura marqué son temps, » affirme l’historien qui rappelle que  son fils a cependant « incarné une tradition historique pendant 20 ans (…), une figure attachante ».

Monarchistes quel heritageLa politique rattrape l’histoire. Il aura connu le général de Gaulle, au cœur des ambitions de son père, à une époque où on évoquait sérieusement la restauration de la monarchie. La souhaitait-il vraiment pour lui-même lui demande Vincent Roux ? Pour Philippe Delorme, il pensait que « la France avait cette dimension spirituelle incarnée par la monarchie (…) », « travaillant avec peu de moyens financiers », se consacrant à expliquer les avantages de ce que pouvait apporter le retour d’une monarchie  qu’il souhaitait « arbitrale ». Politiquement, il était «  difficile de le cataloguer (…) » affirme Philippe Delorme alors que  le journaliste du Figaro Live rappelle que le prétendant était proche de la droite gaulliste et avait appelé à voter précédemment pour l’ancien président Nicolas Sarkozy ou l’ex Premier ministre François Fillon.

Pour 33% des français, les princes ont toutefois et encore un rôle à jouer. Le compteur du sondage mis en ligne par le Figaro Live ne s’affole pas, les internautes semblent majoritairement attachés à la République. Pour Bertrand Renouvin, tout sourire sur le plateau, la Nouvelle action royaliste (NAR) a été le « début d’une aventure intellectuelle (..)  avec le souci de justice sociale », un mouvement ancré dans «le gaullisme de gauche », «  indépendant de la maison de France » comme celle-ci a toujours été« totalement indépendante des mouvements royalistes explique t-il en guise d’introduction. « Un prince attentif » à mes analyses,  « timide (…) mais qui avait du mal à engager une action politique » dit Bertrand Renouvin qui rappelle également  l’omniprésence de l’ombre du comte de Paris sur son fils,  évoquant avec détails, « le projet, cette idée » de succession naturelle initiée en 1965 entre le général de Gaulle et le comte de Paris, « sénior »  nous dirait les américains.  Un événement méconnu de tous mais qui rappelle aux royalistes, l’engouement suscité lors de cette décennie tumultueuse par une simple hypothèse,  celle voir la république être couronnée par son prince. Le père et le grand-père du prince Jean ont été « fortement attachés à la défense de la souveraineté nationale » martèle Bertrand Renouvin qui rappelle encore « cette volonté de servir le pays » pour les deux princes, peut-être «  moins nette » chez celui qui fut aussi comte de Clermont, en désignant le père du duc de Vendôme.

«Trois éléments sont à prendre en considération pour envisager la restauration de la monarchie : la volonté des français, les circonstances, la personnalité du prince » expliquait  en 1995 à un certain Stéphane Bern, un jeune duc de Vendôme.  « Il y’a des circonstances qui permettent ou permettent pas de ré-instaurer la monarchie » confirme à Vincent Roux, Bertrand Renouvin qui cite comme circonstances historiques et comme exemple la princesse Margarita de Roumanie, associée étroitement aux affaires de l’état ou un Siméon II de Bulgarie, roi devenu premier ministre de son pays.  Jean, nouveau chef de la maison royale de France, le « prince de l’avenir » comme l’affichait déjà  le bulletin « Alliance royale n° 39 «  de la défunte Association des amis de la maison de France (AAMF) ? Un surnom qui commence déjà à être adopté par ses partisans qui parle du nouveau chef de la Maison royale de France comme un « homme engagé et dans l’action », « qui « aime relever le défis » comme le duc de Vendôme se définissait lui-même à Stéphane Bern et qui entend se placer sur les pas de son grand-père.

Première décision qui tranche singulièrement, ayant même surpris quelques membres de sa famille, Jean d’Orléans conservera son titre de duc de Vendôme, octroyé en 1987 lors du millénaire capétien. « L’action de mon grand-père a été très forte par son œuvre politique et je pense qu’il a ouvert des horizons à un possible retour de la monarchie en France » déclarait le prince Jean d’Orléans à ses 30 ans. Il s’est préparé et assume déjà son rôle

 Bertrand renouvin«Il saura répondre à ses devoirs et d’autre part, il est certains qu’il ne renoncera jamais à ses droits, une caractéristique de cette maison qui incarne (…)  tout ce que représente l’histoire de France  » déclare Hilaire de Crémiers, ancien dirigeant de la Restauration nationale qui a fusionné l’année dernière avec l’Action française, ce mouvement maurassien qui a rassemblé au soir du 20 janvier entre 200 et 300 royalistes lors de sa traditionnelle marche au flambeau. Les princes incarnent ce « besoin de légitimité ressenti par les français » surenchérit-il à Vincent Roux qui doute du retour d’un roi en France.

 « Un défi que les princes d’Orléans entendent relever » affirme Hilaire de Crémiers. « Si il y’a un lien qui peut se créer entre un peuple et une famille, une personne, le cadre monarchique est ce qui se révèle le plus efficace dans l’histoire, le plus humain, le plus réel » conclut-il  interrogé sur le mouvement des gilets jaunes à qui le comte de Paris et son fils ont apporté un soutien par des communiqués officiels, poussant même ce dernier à converser avec les français en colère à Dreux où il réside.  « Un prince peut jouer un rôle en France à condition qu’il soit ce symbole qui manque cruellement aujourd’hui » surenchérit  encore Philippe Delorme vers la fin de l’émission, « qui s’est perdu avec l’actuelle présidence [que confirment de concert Hilaire de Crémiers et Bertrand Renouvin], appelant à la création un statut officiel pour la maison royale de France.». 

« Vive Vendôme ma mère, vive le duc de V’(e)ndôme, Servir la France est sa devise, vive le duc de V’(e)ndôme… », le refrain réadapté de la chanson des camelots du roi est déjà sur toutes les lèvres des royalistes qui attendent désormais du prince Jean de France,  ironiquement le titre d’une musique de Didier Barbelivien  écrite en hommage à un autre Jean,  qu’il couronne légitimement cette démocratie du sceau de sa maison.

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Publié le 24/01/2019

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