Dans un contexte de crise institutionnelle et de fragmentation du corps national, le prince Louis-Alphonse de Bourbon, aîné des Capétiens, est sorti de sa réserve. Il défend une vision apaisée de la monarchie comme facteur d’unité et de stabilité. Une voix qui tranche dans le vacarme partisan de la République.
Le prince Louis-Alphonse de Bourbon ne cherche ni à séduire, ni à convaincre comme un candidat. « Je veux préciser que je ne suis prétendant à rien. Je suis l'aîné de la maison de Bourbon, et de ce point, j'ai un devoir vis-à-vis de la France et des Français», rappelle t-il. En marge des cérémonies religieuses organisées à Sainte-Anne d'Auray fin mai 2025, « Louis XX » a accepté de répondre aux questions d'Armel Joubert des Ouches, ancien journaliste AFP devenu indépendant.
Descendant direct de Louis XIV par son petit-fils Philippe V d’Espagne, Louis-Alphonse de Bourbon, 51 ans, n’ignore pas les polémiques sur la légitimité dynastique qui persistent au sein du monarchisme français. Mais il ne s’attarde pas sur les querelles généalogiques ni sur celles entretenues par ses partisans : son propos est ailleurs. Pour lui, la France est à un tournant. Et sa mission n’est pas de réclamer un trône, mais de porter une parole d’unité. « La monarchie cherche toujours à défendre les intérêts des Français et de la France, comme le ferait un père de famille, et qui cherche à toujours laisser un pays en meilleur état de ce qu'il l'a trouvé.», explique le duc d'Anjou.
Un diagnostic sévère sur l’état du pays
La gravité du propos contraste avec l’apparente sérénité du prince qui dénonce une démocratie désormais vidée de son sens, où la parole publique a perdu sa crédibilité. « Les politiques bénéficient d'un discrédit quasi total aujourd'hui en France de la part des Français. », assure t-il de sa majesté.
Louis-Alphonse de Bourbon observe la montée de la violence, la désagrégation du lien social, la perte du sens commun. Pour lui, seule une autorité morale, pérenne, impartiale, pourrait incarner à nouveau le bien commun. « C'est comme un match de rugby où deux équipes s'affrontent. Je pense que le roi c'est comme un arbitre, il est justement là pour veiller à ce qu'il y ait un équilibre et surtout de ne pas dépendre d'un parti.», déclare le duc d'Anjou. Par cette métaphore, le prince résume sa conception du pouvoir monarchique. Le souverain, non élu, ne dépend d’aucun parti politique, d’aucun lobby, d’aucune échéance et reste au-dessus de la mêlée.
Sur les grands débats de société, le prince ne se dérobe pas. Il condamne la légalisation de l’euthanasie, « une loi de la mort », et défend avec force le respect de la vie, « de la conception à la mort naturelle ». Celui qui s'est opposé au mariage homosexuel, contre l'union monoparentale, alerte aussi sur la déstructuration de la famille, l’individualisme croissant, la perte du sens de la transmission, une attaque permanente contre le socle traditionel de la France. « (...) C'est beaucoup plus facile de diriger les gens lorsqu'ils n'ont plus de valeurs», fait remarquer Louis-Alphonse de Bourbon.
Il évoque avec émotion les territoires ruraux, souvent oubliés, et le besoin de redonner une place à ceux qui « tiennent la France debout ». Face à la mondialisation et aux fractures internes, celui qui a soutenu le mouvement des Gilets jaunes, une prise de position qui lui a permis de faire le buzz (2018), prône une relocalisation de l’économie, une souveraineté alimentaire et énergétique. « La France dit retrouver une autonomie agricole. Aujourd'hui, dans le secteur agricole, il y a beaucoup de contraintes écologiques et on exige des paysans une énorme productivité alors qu'on ne les aide pas réellement », déplore le prince.
Un devoir de mémoire et de transmission
Louis-Alphonse de Bourbon est revenu en Bretagne, terre de fidélité monarchique. Il y cultive ses racines, y enseigne à ses enfants l’histoire de France, y rencontre des Français en quête d'identitré. « Je suis Français et en tant que chef de la maison de Bourbon, je représente toutes les valeurs que la monarchie a amenées à la France. (...) je les porte dans mon sang, dans mon cœur.», explique le fils du prince Alphonse qui revendique ses racines gauloises. Il insiste sur la défense de l'éducation, de la langue, de la foi, des paysages, du patrimoine : autant de liens qui font de la France une civilisation. « Mon rôle est de défendre bien évidemment le bien commun qui est peut-être, je dirais, la valeur la plus importante pour tous les Français. », affirme ce catholique convaincu.
Dans un moment où la Ve République semble à bout de souffle, où les institutions n’inspirent plus ni respect ni espoir, Louis-Alphonse de Bourbon entend offrir une parole différente. Non pas celle d’un homme politique de plus, mais celle d’un héritier d’une tradition millénaire, porteur d’une vision apaisée et durable du pouvoir. Père de 4 enfants, il entend se poser en fédérateur même si l'immense majorité des Français ignore qu'il est l'héritier d'une longue lignée de Bourbons qui ont régné et façonné la France. Il compte des soutiens parmi les journalistes et politiques actuels, notamment à droite et à l'extrême-droite, mais aucun parti ne se réclamant de lui ou de la Tradidtion qu'il incarne. Suivi par une centaine de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, Louis-Alphonse de Bourbon peut néanmoins compter sur l'Institut de la Maison de Bourbon (IMB) qui le représente, des associations comme le Cercle d'Action Légitimiste (CAL) pour assurer la transmission de son message et le porter dans tout l'Hexagone.
La monarchie, pour Louis-Alphonse de Bourbon, n’est ni nostalgie ni utopie. C’est un modèle éprouvé, réactualisable, qui pourrait redonner à la France ce qu’elle a perdu : l’unité, la continuité, et la confiance. Reste à savoir si les Français, lassés de leurs élites républicaines, seront prêts à reconsidérer sérieusement cette option que l’Histoire, elle, n’a jamais vraiment effacée.
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