À l’heure où Felipe VI célèbre ses onze ans de règne, la monarchie espagnole retrouve de sa superbe. Entre la discrétion du souverain, l’élan de la jeune héritière et la modernité de la reine, la Couronne écrit un nouveau chapitre, plus féminin, plus exigeant, mais toujours solidement ancré dans l’histoire.
Onze ans après l’avènement de Felipe VI, la monarchie espagnole retrouve un ancrage solide dans le cœur des institutions comme dans celui d’une large partie des citoyens. Malgré les ombres laissées par le roi émérite Juan Carlos, la famille royale s’impose à nouveau comme un repère symbolique dans un paysage politique fragmenté, selon le dernier Rapport Bourbon publié par Vanitatis/IMOP et réalisé le 16 mai 2025.

Felipe VI : un roi de devoir dans un royaume sous surveillance
Depuis son accession au trône, ce descendant du roi Louis XIV s’est imposé comme un monarque de la rigueur et de l’apaisement (7/10 des 35- 54 ans reconnaissent qu'il est un bon souverain). D'après le cinquième rapport Bourbon, 43,7 % des Espagnols approuvent son action, et 28,9 % reconnaissent une amélioration de son image. Il s’appuie sur des vertus devenues cardinales : prestige (19,4 %), transparence (17,2 %) et professionnalisme (13,8 %), dans une monarchie où les moins de 35 ans (6/10 plutôt indifférent), encore marqués par les scandales du roi émérite, peinent à tisser un lien émotionnel.
Si 36 % des Espagnols estiment que la monarchie est plus forte qu’en 2014 – chiffre record –, c’est bien que l’institution a su se redresser, non par éclats mais par constance. Face aux critiques régionales (notamment en Catalogne, 41 % de désapprobation) ou à la frilosité des jeunes générations, la famille royale cultive une posture sobre et vigilante. Pourtant, dans une Espagne traversée par des lignes de fracture politiques et régionales, le roi Felipe VI incarne la stabilité silencieuse, soutenu massivement par les électeurs du Parti Populaire (9 sur 10), de Vox et malgré tout, globalement apprécié à gauche (70 % des personnes interrogées estiment qu'il existe une bonne entente entre le roi, la reine et le Premier ministre Pedro Sánchez).

Letizia et Leonor : les figures de proue d’une dynastie réinventée
Plus qu’un renouveau : une métamorphose. La reine Letizia, avec plus de 60 % d’opinions favorables, s’affirme comme une figure d’autorité moderne et respectée, au-delà même des cercles monarchistes. Son style austère, sa discrétion calculée et son éloignement des codes classiques d’une reine consort en font un pivot symbolique d’une monarchie réformée. De son côté, la princesse Leonor, en pleine ascension, capte l’attention des jeunes générations par sa posture digne et son engagement croissant, faisant l'unanimité. Même les milieux traditionnellement critiques à l’égard de la monarchie et à la montée d'une femme sur le trône, se disent sensibles à son profil. L’avenir de la Couronne repose ainsi, de manière inédite, sur une alliance mère-fille à la fois élégante et politique, qui réinvente l’image de la dynastie.
Si le républicanisme reste encore présent dans le pays de Cervantès, la monarchie espagnole n’a cependant plus besoin de convaincre bruyamment : elle avance avec retenue, portée par une exigence citoyenne accrue, mais aussi par un duo féminin qui en incarne, mieux que jamais, la pérennité. Entre héritage et renouvellement, la Couronne ibérique s'impose à nouveau comme une force politique douce, et un symbole de continuité dans un monde incertain.
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