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Confessions d'un roi déchu

Le roi Juan CarlosC’est un livre très attendu dans les librairies pour les amoureux de la monarchie espagnole. Contraint de devoir se réfugier aux Emirats Arabes Unis, une décision qu’il aurait prise afin d’échapper aux pressions exercées contre lui, le roi Juan Carlos s’est confié au micro de Laurence Debray, journaliste et biographe du monarque. Dans un livre intitulé « Mon roi déchu » et qui paraitra demain aux éditions Stock, la fille du théoricien de la guérilla guevariste a couché sur papier les échanges qu’elle a eu avec le souverain déchu et dont les premiers extraits ont été révélés dans la presse. Complètement isolé, Juan Carlos ne regrette rien et  exprime le désir de rentrer désormais dans son pays afin d’y mourir dignement. 

Juan Carlos à Abou DhabiA 83 ans, Juan Carlos s’ennuie dans son paradis émirati d’Abou Dhabi. Il se tient constamment informé des affaires de son ancien royaume qu’il a dirigé entre 1975 et 2014. Menacée de tomber après des controverses le concernant, notamment un safari qui a irrité ses sujets alors que l’Espagne traversait une importante crise économique, il s'est résigné à abdiquer afin de sauver l’institution royale. Accusé de corruption, il est désormais sous le coup d’une enquête menée conjointement par la Suisse et l’Espagne. Son pays qui porte encore un regard teinté d’admiration et de déception vis-à-vis de son ancien monarque. Il surfe sur le net dans l’attente d’un coup de fil de ses proches. Depuis qu’il a dû se réfugier aux Emirats Arabes Unis, Juan Carlos n’a reçu pour seule visite que celles de ses deux filles ( les infantes Elena et Cristiana), venues trois ou quatre fois. Non sans une polémique puisqu’elles ont profité d’un de leurs voyages pour se faire vacciner contre le covid-19. Le roi Felipe VI appelle peu son père et le petit-fils du roi Alphonse XIII a perdu la confiance de la reine Sofia de Grèce, femme bafouée mais véritable main de fer derrière le trône en velours de son fils Felipe VI qu’elle conseille. Pourtant, elle continue de l’appeler très régulièrement. Le roi est aussi amoureux aujourd’hui que la première fois, lorsqu’il a rencontré cette jeune princesse lors d’une « croisière des rois » en 1954. Et tant pis si les rumeurs affirment qu’il a dragué sa cousine Marie-Gabrielle de Savoie, le roi confesse volontiers cette passion des femmes qui l’a fait chuter de son piédestal. 

"Mon roi dechu" Laurence Debray« Je faisais face à beaucoup de pressions ». Des appels de temps en temps suivis d’échanges via l’application Whatsapp puis un voyage vers Abou Dhabi ont permis à la journaliste Laurence Debray de recueillir les propos du monarque tombé en disgrâce et de les compulser dans un nouveau livre intitulé « Mon roi déchu », à paraitre demain aux éditions Stock. Juan Carlos, qui a déjà connu l’exil dans sa jeunesse, souhaitait s’installer au Portugal mais cette proximité avec l’Espagne gênait considérablement la couronne et les partis de Gauche trop ravis de se débarrasser d’un homme qui avait entaché sa fin de règne et qui leur ouvrait la possibilité d'une nouvelle république. On lui a intimé l’ordre de partir le plus loin possible. Boursouflé, fatigué, il se déplace avec des béquilles, a perdu de sa superbe. Il est aidé par des domestiques philippins, peu soucieux du respect de l’étiquette. Le roi se couche tôt, fait du sport, -une passion qu’il a toujours eue-, de la natation sous l’œil de ses gardes du corps qui lui acheminent tous les journaux espagnols qu’ils trouvent dans l’émirati. Il souhaite revenir en Espagne y terminer ses derniers jours et surtout retrouver ses plats favoris. Il fantasme sur son hypothétique retour dont personne ne veut. Y compris Felipe VI qui lui a demandé de rester là où il est. Terrible dilemme d’un fils devenu le nouveau monarque et que la raison d’état lui impose de  tourner le dos à un homme qui l’a jadis levé un soir de février 1981 afin d’apprendre comme un roi devait se comporter face à des putschistes. Pour son 83ème anniversaire, Felipe n’a pas appelé son père. « Felipe VI s’attelle à réparer l’héritage de Juan Carlos en faisant de la couronne une institution inattaquable et normée » affirme Laurent Debray qui s’est confiée à Paris Match.

Juan Carlos , Felipe VI et Sophie de GrèceIl entretient d’excellentes relations avec les dirigeants locaux qui se targuent publiquement de cette amitié avec le restaurateur de la démocratie que les vieux franquistes ont cru manipuler au décès du Caudillo. Juan Carlos va se révéler plus malin et donner au pays sa première constitution. Là aussi, l’Espagne n’a pas voulu l’associer aux récentes festivités. Il se défend de tout enrichissement personnel ni même avoir voulu se constituer un patrimoine privé. D’ailleurs, il cite ce petit palais de Lanzarote offert par le roi Hussein et qu’il a donné à son pays, où chaque année, les membres des gouvernements qui se succèdent, en profitent gracieusement et sans complexes.  Il a réglé tout ce qu’il devait au fisc espagnol (cinq millions d'euros en un an) mais ne se repend de rien. Il se dit innocent, victime de son excès de confiance, se veut optimiste et affirme que la monarchie repose sur un socle solide. « Les institutions que j’ai laissées devraient suffire, elles parlent d’elles-mêmes. Mais c’est vrai, on détruit plus facilement les institutions qu’on ne les construit…» fait toutefois remarquer Juan Carlos.

Laurence Debray livre un nouveau portrait sans concessions d’un roi qu’elle immortalise en jouisseur impertinent mais profondément attaché à une Espagne divisée entre tradition et modernisme. Un royaume devenu trop manichéen pour comprendre ses actions passées en tant que monarque et qui appartiennent désormais aux pages de l’Histoire. 

Copyright@Frederic de Natal

 

Date de dernière mise à jour : 05/10/2021

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