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Frederik X au Groenland : entre symbole royal et bras de fer géopolitique

La visite du roi Frederik X au Groenland, présentée comme apolitique, s’inscrit en réalité dans une manœuvre diplomatique face aux menaces d’ingérence américaine. 

C'est une visite qui va être scrutée dans ses moindres détails. Le roi Frederik X, 56 ans, est arrivé au Groenland, ce 29 avril 2025, après avoir décalé son arrivée de quelques heures en raison de conditions météorologiques difficiles. Une venue qui dépasse le cadre d’un simple déplacement royal selon les experts politiques locaux, qui cacherait même une véritable stratégie d’État.

Réaffirmer le caractère unitaire du royaume danois

Dans un contexte marqué par l’intérêt croissant des États-Unis pour cette île arctique — intérêt explicitement exprimé par  le président Donald Trump —, Copenhague envoie un message clair : le Groenland reste partie intégrante du royaume du Danemark. En effet, si la visite a été officiellement qualifiée de « sans mission particulière » par le souverain lui-même, l’agenda diplomatique en toile de fond est indiscutable. Cette venue du monarque intervient quelques jours après la visite du nouveau Premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen, dans la capitale du Danemark, et surtout dans la foulée d’un déplacement du vice-président américain J.D. Vance sur une base militaire américaine installée sur l’île.

Le message américain est connu : le Groenland, riche en ressources minières et situé au cœur d’un Arctique stratégique, est un levier dans la course mondiale à l’influence dans la région. Donald Trump, figure de proue d’un courant néo-nationaliste aux États-Unis, avait proposé son rachat pur et simple par Washington. Un refus net du Danemak a irrrité le leader des Répûblicains américains qui n'exclut pas de procéder à une appropriation forcée de ces terres polaires, bien que le Danemark soit officiellement un allié des États-Unis au sein de l’OTAN.

La riposte royale face aux menaces d'annexion par les Américains

Dans ce contexte, la monarchie danoise a choisi une riposte d’un autre genre : une démonstration d’unité territoriale. « Le roi Frederik X visite le Groenland à un moment crucial. Le Royaume du Danemark envoie un signal très clair au gouvernement américain sur l'unité et la solidarité entre le Danemark et le Groenland », analyse Thomas Larsen, expert royal. Après avoir inclus le territoire dans ses armoiries, cette diplomatie royale, qui s’inscrit néanmoins dans une tradition danoise de visites annuelles sur l’île, prend aujourd’hui une dimension géopolitique inattendue.

Le Groenland, anciennement colonie danoise, a obtenu son autonomie en 1979, puis le droit à l’indépendance par référendum en 2009. Mais les menaces extérieures semblent aujourd’hui renforcer le lien avec Copenhague. Les partis locaux, bien que généralement indépendantistes, ont récemment formé un gouvernement de coalition large afin de contrer les ambitions américaines. Une manière de reprendre la main sur leur avenir — sans pour autant rompre avec le Danemark. « Le fait que le roi visite le Groenland est tout simplement une image très claire du fait qu’il existe désormais un terrain d’entente », affirme encore Thomas Larsen. Cette convergence des intérêts danois et groenlandais, au moins à court terme, s’ancre dans un principe : protéger un territoire stratégique sans céder aux intimidations extérieures. 

Les conditions climatiques ont cependant empêché Frederik X de rejoindre la Station Nord, base militaire et scientifique la plus septentrionale de l’île, ainsi qu’une unité spéciale des forces danoises opérant en conditions extrêmes. Des annulations logistiques qui n’effacent en rien le caractère hautement politique de la visite : rencontrer les autorités locales, s’afficher dans une « kaffemik » traditionnelle, mais surtout réaffirmer la présence danoise dans l’Arctique, drapeau national sur le poitrail royal. « Nous ne voulons être ni Américains ni Danois, nous sommes Groenlandais », a toutefois rappelé le Premier ministre Jens-Frederik Nielsen. Récemment élu à la tête du gouvernement groelandais (2025), le leader locaux des Démocrates estc ontraint de faire  front avec la monarchie, menace oblige, mais n'entend pas perdre l'objectif principal : l'indépendance 

Le Groenland, avec ses 57 000 habitants, se trouve aujourd’hui au carrefour de plusieurs enjeux : climat, ressources, souveraineté, rivalités sino-américaines, routes maritimes du futur. Dans ce bras de fer global, la monarchie danoise a compris qu’elle pouvait jouer un rôle que les chancelleries classiques peinent parfois à incarner : celui d’une légitimité ancienne, enracinée et apaisante. Un roi pour rappeler qu’avant les bases militaires, il y a un peuple, une histoire et une souveraineté.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 30/04/2025

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