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Une nouvelle « reine de la pluie » intronisée en Afrique du Sud

Le 16 avril 2023, la princesse Masalanabo Modjadji a fêté ses 18 ans. Héritière du trône des Balobedu, sa légitimité est remise en cause par une partie du Conseil royal qui s’est empressé de couronner son frère, le prince Lekukela, en octobre 2022. Une première dans l’histoire de cette monarchie sud-africaine dirigée uniquement par des femmes depuis deux siècles, les légendaires « Reines de la pluie ». 

À 18 ans, la princesse Masalanabo Modjadji est rayonnante. Gracieuse, elle a réuni ses amis, ses proches, ses partisans. Pourtant derrière son sourire, se cache une profonde mélancolie. Elle n’a pas connu sa mère, la reine Makobo Caroline Modjadji VI, morte mystérieusement en 2005 alors qu’elle était encore dans les langes. Elle a été confiée à des tuteurs chargés de l’éduquer (elle a été adoptée  par l'ancien membre du comité exécutif national de l'African National Congress, le Dr Mathole Motshekga) en attendant son couronnement comme nouvelle souveraine des Balobedu, une ethnie du Limpopo sud-africain. Une dynastie vieille de deux cents ans dont la particularité est de n’avoir eu que des femmes comme monarque, détentrice d’un pouvoir : celui de faire tomber miraculeusement la pluie. Sa montée sur le trône n’est pour autant pas acquise. Une partie du conseil royal a refusé de la reconnaître et a décidé de couronner son frère, le prince Lekukela, en octobre 2022, brisant ainsi la tradition séculaire. 

Une souveraine qui a fait fi des traditions

En disparaissant prématurément, sa mère a laissé derrière elle un bilan contrasté. Refusant de vivre recluse dans le Kraal royal avec « ses épouses royales », Makobo Caroline Modjadji VI avait décidé de casser la coutume en s’affichant avec des jeans et des tee-shirts, dansant dans des discothèques et passant son temps à tchater sur son portable. Pis, elle n’hésitait pas à s’afficher avec son copain, David Mogale, qu’elle aurait même installé dans son Kraal et avec lequel elle aurait eu un ou deux enfants. Une trahison au regard de certains puisque la reine n’est supposée se marier qu’avec des membres de la noblesse. L’amant sera chassé et la souveraine de subitement décéder d’une méningite foudroyante à l’âge de 27 ans. Certains disent même qu’elle est morte de chagrin ou même empoisonnée. Aux yeux de la faction rebelle, la princesse Masalanabo devrait plutôt occuper le poste de Khadikholo (« Grande tante ») de la nation Balobedu en guise de compensation et en raison de son illégitimité. 

 

 

Une monarchie divisée, une succession qui n'est pas apaisée 

Guère l’avis des partisans de la princesse Masalanabo Modjadji qui l’ont proclamé nouvelle souveraine des Balobedu. Son oncle a expliqué que c'était un grand jour et que la famille était heureuse de retrouver « son unité ». « Notre message est que les gens doivent respecter leurs rois, leurs chefs et leurs dirigeants. Nous sommes les gardiens de la culture en Afrique du Sud. Nous reconnaissons Masalanabo Modjadji VII comme la reine de la pluie » a déclaré le prince Rodney Mokgwakgwe Modjadji,. « Il est important pour nous de réfléchir à la culture et à la tradition. La nation Balobedu est la seule nation avec une reine féminine. Cela permet aux jeunes filles de savoir qu'elles ont la capacité de diriger » a même renchéri Mary-Grace Whitehead, Miss Limpopo 2023. Une dynastie qui a même inspiré le personnage d'Ororo Munroe (dite « Tornade »)  que l'on retrouve dans la bande dessinée X-Men produite par Marvel.

Largement médiatisé, organisé par la Balobedu Heritage Society, l'événement a également été présidé par la ministre de l'Éducation de base, Angie Motshekga et de nombreuses personnes issues de cultures diverses.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 24/04/2023

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