Le prince de l'ultra-droite

41723145 1114578788699410 20162315949178880 oC’est au Palais de la république que le prince Louis –Alphonse de Bourbon a pris la parole au XIIème Congrès mondial des familles. Organisé à Chisinau le 14 septembre, la capitale de la Moldavie, il a réuni les grands ténors de l'ultra droite traditionnelle européenne et religieuse. Invité d’honneur, le prétendant au trône de France a marqué de son sceau le congrès en prenant la défense d’un idéal familial conservateur qui n’a pas été sans susciter la controverse sur les réseaux sociaux, notamment parmi ses soutiens divisés sur son intervention.

Le lieu n’a pas été choisi au hasard. République sécessionniste, la Moldavie est l’objet de toutes les attentions ces derniers mois. Entre deux manifestations organisées en faveur de son rattachement à la Roumanie, famille royale en tête, son gouvernement est aussi tourné vers Moscou. A l’heure où Bucarest met en place un référendum afin de rendre inconstitutionnel le mariage homosexuel, avec l’approbation de l’église orthodoxe, ce congrès a plus d’une valeur symbolique.

Celui qui est à la manœuvre n’est autre que l’ultra-orthodoxe Konstantin Valeryevich Malofeev , un monarchiste russe poche du Kremlin, fondateur de la télévision Tsargrad et directeur d’une école visant à former les futurs cadres d’un régime monarchique à venir. Proche de Philippe de Villiers ou de l’ex-Front national, c’est à lui que Louis de Bourbon doit son invitation. Malofeev ne cachant pas son admiration pour l’arrière-grand-père du duc d’Anjou, le général Francisco-Franco, dont les récentes prises de position l’ont propulsé sur la scène nationale espagnole comme internationale. Non sans grands émois comme le reconnaissait le 24 août dernier, lors d’un droit de réponse au site « le Salon Beige », le baron Hervé Pinoteau, qui a tenté de balayer ces «clameurs franquistes qui peuvent troubler les Légitimistes français » en rappelant ses droits inaliénables sur le trône de France. Preuve, si il en est, des divisions qui secouent actuellement la Légitimité.

Le colonel hogard louis de bourbon fabrice sorlinAu côté du prince Louis –Alphonse de Bourbon, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire du d’état du Saint-Siège, venu assister avec plus de 2000 personnes à ce congrès international de la famille. Tapis rouge pour le prétendant au trône de France qui a été reçu en véritable chef d’état par le président Igor Dodon dont la participation à cette conférence n’avait été annoncée nulle part dans les milieux légitimistes. Et si le patriarche de toutes les Russies, Cyrille, a dû décliner sa participation au Congrès (remplacé par l’archiprêtre Dimitri Smirnov), la vice-présidente de la Douma, Olga Epifanova, quant à elle, avait été mandaté par le président Vladimir Poutine pour le représenter.

Le discours du prince Louis –Alphonse de Bourbon est offensif. Il attaque de front devant un Brian Brown tout sourire. Le président de l'Organisation internationale pour la famille avait suivi les pas du prince Louis de Bourbon en appelant les français à la résistance « contre la dénaturation du mariage » lors d’un communiqué en avril 2013. Descendant de Louis XIV, au plus fort des rassemblements, organisés par la «Manif’ pour tous », vaste regroupement éclectique de monarchistes ou de républicains issue de la droite catholique catholiques, le prince Louis –Alphonse de Bourbon avait déjà fustigé ce « monde politique (qui s’était) saisi d’un sujet remettant en cause l’institution universelle et intemporelle qu’est la Famille, constituant une menace aux fondements mêmes de (la) société». Dans son communiqué, à l’unisson avec le comte de Paris, Henri d’Orléans, le duc d’Anjou avait condamné autant la réforme visant à autoriser deux personnes de même sexe de se marier que la possibilité à un couple de gays ou de lesbiennes de pouvoir adopter. « De tous temps, l’homme et la femme se sont unis, naturellement, pour concevoir et élever des enfants. Que serions-nous si nos parents, nos aïeux n’avaient pas suivi ce processus naturel, institutionnalisé et sacralisé ensuite par le mariage chrétien ? Comment accepter d’établir un droit à l’enfant au risque d’aller à l’encontre des droits de l’enfant ? » avait alors déclaré le chef de la maison de Bourbon. Appelant « tous les Français à défendre les valeurs si chèrement défendues pendant des siècles par nos aînés et à faire connaître leur soutien aux défenseurs de la Famille et des droits de l’enfant » au nom de « l’avenir » et de « l’exemple à montrer aux autres nations », le prince Louis avait tenu toutefois à préciser qu’il «nullement question de stigmatiser la communauté homosexuelle, dont (il savait) qu’elle (était) loin d’être unanime sur la question du mariage pour les personnes de même sexe, de l’adoption des enfants par ces derniers et de leur filiation ».

Louis de bourbon et frigide barjotUn discours qui avait séduit Frigide Barjot, ancienne porte-parole de la "manif' pour tous' et qui avait exprimé, lors d'un bref entretien avec le duc d'Anjou (2016),son désir de le voir prendre la tête d'un mouvement, avant de lui remettre un exemplaire de son livre. Devant l'oeil quelque peu gêné des partisans du prince Louis-Alphonse.

A la veille de sa venue en France pour le traditionnel anniversaire de la fondation des Invalides, un « jour qui est sur son agenda » a précisé l’Institut de la Maison de Bourbon (sans pour autant l’annoncer sur son site officiel), le prince Louis-Alphonse de Bourbon a, semble-t-il, durci ses positions. Ce père de 3 enfants, un quatrième à venir sous peu (qu’il qualifiera dans son discours de « personne faisant déjà partie de sa famille »-allusion discrète à son refus de l’avortement), s’est fait le porte-parole des organisations de défense de la famille en plaçant les valeurs chrétiennes dont il se veut le premier représentant au nom de son héritage capétien, bouclier naturel et séculaire des traditions de la nation française. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le prince a surpris son monde.

Positionné 8ème sur une liste de 16 intervenants venus de tous les continents, le prince a pris la parole en milieu de matinée selon le calendrier établi à cet effet, peu après l’intervention de la vice-présidente de la Douma. Annoncé comme son « altesse royale, le prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou », le fils du prince Alphonse a dénoncé une politique visant à détruire une «famille qui subit actuellement de nombreux assauts », saluant une initiative [ici le congrès-ndlr] «qui permet à tous d’analyser une situation pour laquelle des solutions doivent être trouvées » et qui si elle se perpétue, « contribuera à ruiner notre société comme notre civilisation ». Affirmant qu’il « lui appartient de se positionner, sous 3 aspects différents, comme chef de la maison de Bourbon et successeur des rois des France, comme chef de famille et comme personne engagée et issue de la société civile», le prince a condamné une réforme sociétale à laquelle il n 'adhère décidément pas.

« Héritier d’une famille qui a régné durant 800 ans sur la France, qui a participé à sa construction et permis sa renommée dans le monde entier », le prince a rappelé lors de son discours que la base de la monarchie française se trouvait indubitablement dans les lois fondamentales, essence même de cette « famille royale qui s’est transmise un pouvoir de mâles en mâles selon l’ordre de primogéniture », assurant ainsi « une stabilité sans discontinuité au royaume ». « C’est ce que l’on appelle le miracle capétien » a déclaré Louis-Alphonse de Bourbon qui ajouté que « les rois agissaient purement pour le bien commun, une famille au service de la société et un symbole d’unité qui était un modèle pour toutes les autres familles de France ». Un véritable plaidoyer en faveur de la monarchie de la part de l’arrière-petit-fils du Caudillo.

Louis de Bourbon et le président moldave DodonUne pyramide qui a bien marché depuis des générations selon le prince qui entend « incarner ces valeurs qui ont fait la famille depuis des décennies ». Rendant hommage aux générations passées qui « font ce qu’il est ce qu’il est aujourd’hui », citant son père, son frère, sa grand-mère récemment décédée, « ses exemples », « son épouse et ses chers enfants », « sa force », «le cœur de sa famille ». « Il n’y a pas un jour sans que je pense à mes ancêtres, le rois de France » a martelé le prince devant les congressistes. « Hors en attaquant la famille, ces personnes contribuent à briser l’équilibre et les chaînes naturelles d’un ordre naturel qui existe depuis l’origine du monde ». « En la remettant en cause, c’est aussi attaquer les grandes fondations de la société humaine » a surenchéri le prince de Bourbon. « Il appartient à chaque parent de la défendre » et assurer « la transmission de notre héritage » aux prochaines générations. «Quand certains tentent de biser le pacte social naturel existant », nous devons répondre en les combattants citant comme exemple la tragédie de « Vendée, victime d’un génocide sans nom, citant l’Arménie victime des exactions turques et encore aujourd’hui contre les chrétiens dans le monde, victimes du totalitarisme islamique ».

« Afin de protéger les valeurs naturelles de la famille traditionnelle, je vais proposer que celles-ci soient inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, un modèle qui a fait ses preuves soit un père, une mère, des enfants. Un modèle avec des valeurs irremplaçables qui a montré que cela marchait» a conclu le prince après avoir demandé à « sa grand-mère [Carmen-ndlr] de protéger sa famille », sous les applaudissements de l'assistance.

Copyright@Frederic de Natal

Publié le 15/09/2018

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