Il exige la restitutions de ses biens !

Chateau de cecilienhofLa demande de l’arrière-petit-fils du dernier empereur d’Allemagne n’en finit pas d’alimenter les colonnes de la presse locale et internationale.  Comme de diviser la classe politique et civile allemande qui reprochent aujourd’hui aux Hohenzollern, leur proximité avec le régime nazi. Les négociations avec la république allemande ont échoué cette semaine et aucun n’accord n’a pu être  trouvé avec le prince Georg Friedrich von Preußen qui réclame la restitution de châteaux et milliers d’objet pris à sa famille dont la plupart dorment dans les musées de l’état du Brandebourg et de Berlin. Illégalement. 

«Cette semaine, le prince a fait quelques concessions, renonçant à vivre au château de Cecilienhof, construit en l’honneur de son arrière-grand-mère, assurant que les tableaux réclamés pourraient rester exposés dans les musées allemands et que la famille impériale ne chercherait pas à intervenir dans l’organisation d’expositions les présentant. Il a par contre refusé la proposition de compromis de l’Etat se disant prêt à restituer dix toiles à la famille » nous indique dans son édition, le journal « Le Temps ». Les deux parties en présence campent chacune sur leurs positions, l’état allemand arguant que toute « personne ayant contribué à l’avènement du nazisme ou du communisme, ainsi que ses héritiers » ne peuvent prétendre à aucune compensation ou restitution de leur biens. Un débat dans le débat. Car désormais, il s’agit de savoir si les Hohenzollern ont aidé Adolf Hitler à s’emparer du pouvoir afin de justifier le rejet de l’état du Brandebourg et de Berlin aux demandes du prétendant. Entre deux batailles d’avocats, voici celui des historiens (parmi lesquels figure Peter Brandt, fils de l’ancien chancelier Willy Brandt) qui tentent de déterminer le degré d’implication de Hohenzollern dans l’idéologie nazie. 

Hitler et le kronprinz guillaume«Un homme seul, sans famille, sans enfant, sans Dieu (qui) prépare des légions, mais (qui) ne fait pas une nation ». En exil, l’ancien Kaiser ne cache pas  le fait qu’il exècre le chancelier Hitler. Il ira même jusqu’à condamner les lois antisémites du régime faisant part de « sa honte d’être allemand ». Un combe quand on sait que l’empereur ne portait pas les « juden » (juifs) dans son cœur. Pourtant lorsque l’Allemagne s’empare de Paris, Guillaume II lui envoie un télégramme de félicitations, peu de temps avant sa mort,  évoquant ce « génie » qui a vengé le Reich. Et c’est bien là toute l’ambiguïté d’une famille qui a oscillé tantôt entre alliance et rejet au régime nazi. D’un côté on trouve le Kronprinz Guillaume (1882-1951) qui s‘affiche avec les dignitaires nazis, finançant le parti dans le vain espoir de monter sur un trône que lui a promis Herr Hitler, le prince-député Auguste –Guillaume (1887-1949) qui va porter l’uniforme nazi des Sections d’Assaut (Obergruppenführer) et dont les folies homosexuelles agace un Joseph Goebbels qui le fait surveiller (il finira d’ailleurs par avoir « la peau du prince» et de promptement le faire éloigner du cercle privé du Führer), ou encore le prince-oberleutnant Guillaume, fauché lors des combats à Nivelle (Belgique) en mai 1940. Et dont les obsèques serviront au chancelier pour promulguer, le « décret-princier » qui interdira  aux membres de la maison royale allemande de participer aux combats et, en 1943, tout service au sein de  la Wehrmacht.

A contrario, on trouve au sein de la résistance au nazisme, le prince Louis- Ferdinand (1907-1994), petit-fils du Kaiser qui participera au complot de 1944, tentant de dédouaner ainsi toute participation des Hohenzollern à la montée du nazisme dans l’entre-deux-guerres tout en espérant de sauver l’Allemagne d’une occupation à venir.

«Cette famille qui s’est toujours mise en scène depuis 1918 comme défendant les intérêts du seul Etat prussien est en fait tout aussi avide d’argent que les autres grandes familles de la noblesse allemande qui vendent leurs œuvres d’art au plus offrant sans les proposer d’abord à des musées et sans tenir compte de l’intérêt public», s’offusque le journal « Frankfurter Rundschau », tandis que le quotidien populaire conservateur « Bild Zeitung » agite le spectre du communisme: «Le fait d’hériter est-il condamnable? Alors, c’est le retour de la RDA». Le débat est vif en Allemagne comme nous le rappelle le journal « Le Temps ». Christopher Clark, historien de l’université de Cambridge dédouane le prince Héritier, le Kronprinz, qui n’a finalement joué aucun rôle important au sein de l’appareil nazi. Chaque magazine s’est emparé du sujet jusqu’au Spiegel qui rappelle, quant à lui,  avec insistance le rôle joué par le Kaiser dans le premier conflit mondial et tous ces millions de morts dans les tranchées. L’ancien président (SPD) du Bundestag, Wolfand Portail, dénonce ce qu’il appelle, « une insolence » de la part prétendant au trône et l’état du Brandebourg a annoncé qu’il allait porter l’affaire devant la justice administrative afin de  statuer sur les prétentions de l’arrière-arrière-petit-fils de Guillaume II «  peut-on encore lire de la mains du journaliste de « L’Opinion » qui couvre l’affaire

Georg friedrich von preu enMais pour le professeur en droit André Schmitz, » les Hohenzollern sont dans leur droits » et rappelle « que l’état allemand s’est toujours comme le successeur de la république de Weimar » qui avait accordé des droits à la maison impériale en 1926, précisant que celle-ci a toujours prêté des objets aux musées qui se sont bien gardés de leur rendre après la chute du régime nazi (1945). « Une grande partie des emprunts sont indiscutablement la propriété de la maison impériale » déclare cet ancien président social-démocrate du Sénat et  qui dénonce une décision de Berlin ne souhaitant pas voir les Hohenzollern revenir au premier plan de la scène politique allemande.

Depuis plusieurs jours, « la polémique enfle ». Et l’arbitrage promet de donner lieu à un beau conflit de mémoire. Mais au fait, cela donnerait quoi si les Bourbons demandaient aujourd’hui la restitution de Versailles? Ou l’indemnisation pour l’incendie des Tuileries? Pire, si la famille de France demandait le Louvre? » pose à son tour comme questions le Figaro -Vox.

Copyright@Frederic de Natal

Publié le 28/07/2019

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