Fusion des partis royalistes

Blason royal du CambodgeFusion des mouvements royalistes cambodgiens et tentative de putsch interne au Funcinpec. C’est un haut-responsable du parti royaliste, Huon Hot, qui a annoncé à la presse ce mardi, que les cadres du Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (Funcinpec) allaient réclamer que la demi-sœur du roi Norodom Sihamoni, la princesse Norodom Arun Rasmey, reprenne la tête du parti, pourtant dirigé de manière intérimaire par un autre prince de la maison royale.

Fondé par feu le roi Norodom Sihanouk Ier en mars 1981, le Funcinpec se dote rapidement d’une branche militaire, l’armée nationale sihanoukiste, dans le but de renverser la république populaire du Kampuchéa. Avant de finalement rejoindre le processus politique et obtenir la majorité des voix en 1993, permettant ainsi le retour de la monarchie. Norodom Sihanouk, monarque constitutionnel, laisse alors la place à son fils aîné, le prince Norodom Ranariddh, à la tête du parti et du gouvernement. Les royalistes auront du mal à réaliser leurs promesses et vont reculer à chaque élection. Allié au Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen, ce dernier entre en conflit avec le prince Ranarridh. Un coup d’état, organisé en juillet 1997, profite à Hun Sen qui dirige depuis lors le royaume du Cambodge. D’Alliances en alliances, de crises internes en scissions, le Funcinpec finit par tomber en disgrâce dans les urnes. Norodom Ranariddh claque même la porte du parti pour créer un autre mouvement entre 2006 et 2014. Avant de reprendre les rênes un Funcinpec à la dérive en 2015. Victime d’un étrange accident en juin 2018, c’est son fils, le prince Chakravuth, qui est nommé la tête du parti royaliste en dépit d’une forte opposition des cadres du parti.

Entre le prince Chakravuth et l’état-major du Funcinpec, des tensions permanentes qui ont atteint leur point d’orgue dernièrement avec le limogeage de 4 cadres du mouvement par le prince royal. Craignant une révolte, Chakravuth a même fait protéger le quartier général par 30 membres de sa garde personnelle. « Le prince Chakravuth ne peut pas diriger le parti. Simplement en raison de son manque de connaissance des questions politiques actuelles. Il n'a même aucune expérience en politique », a déclaré Huon Hot. Un putsch interne est-il en cours au sein du Funicnpec ? Tout porte à le croire. Affaibli depuis son accident, le prince Norodom Ranariddh, qui est également membre du Conseil royal, a été rarement vu en public. Contesté au sein même du mouvement royaliste, la position du prince Chakravuth est plus que fragile alors que le Funcinpec et le KNUP seraient sur le point de fusionner. Après plusieurs tentatives qui ont été toutes des échecs. « Le prince Ranariddh et moi avons convenu de fusionner les deux partis à la suite de notre réunion en gardant le Funcinpec comme seul parti», a déclaré début novembre M. Bun Chhay, leader du KNUP, qui avait quitté le mouvement royaliste en 2016. Une fusion à laquelle serait opposé le prince Chakravuth.

Le prince Norodom RanariddhD’ailleurs rien n’est moins sûr que le prince Ranariddh puisse prendre la tête du Fucinpec en raison de son état de santé. «Sous le leadership du prince Chakravuth, de nombreuses structures du parti ont été détruites et de nombreuses personnes ont été démis de leurs fonctions. Il a permis à d’autres personnes de s’ingérer dans les affaires internes du parti » renchérit Huon Hot. Exit donc le père et le fils, bienvenue à la sœur qui est loin d’être une inconnue pour les royalistes. La princesse Norodom Arun Rasmey est l’ancienne ambassadrice de son pays en Malaisie (2005-2018). Elle a dirigé le parti entre 2013 et 2018 et occupe actuellement un poste de sénatrice. Sauf que, contactée, la princesse nie pourtant être tentée de reprendre la tête du Funcinpec. « Mon objectif à l’avenir est de servir personnellement les habitants des zones locales du royaume par le biais d’action humanitaire. Je veux rester près de la reine mère pour la servir. Je laisse la politique et le parti [Funcinpec] à Samdech Krom Preah [Ranariddh] pour prendre les décisions qui s’imposent » a déclaré la fille du roi Norodom Sihanouk.

Une zizanie qui fait la joie du parti pouvoir qui n’a plus aucune réelle opposition devant lui (le ministère de l'intérieur n'a même pas pris la peine de reconnaître le prince Chakravuth comme leader du Funcinpec). Notamment depuis que Hun Sen a fait dissoudre le parti de Sam Rainsy, le Parti du sauvetage national cambodgien, l’année dernière. Et l’assurance d’une gouvernance tranquille en dépit de fraudes avérées lors de sa dernière réélection. Le Funcinpec, qui doit se contenter des miettes, a perdu toute influence sur la vie politique du royaume. Une fusion profitera-t-il au Funcinpec pour revenir sur le devant de la scène une fois Chakravuth démis de ses fonctions ? « Oui à condition de ne pas se séparer du prince Chakravuth !». Le politologue Em Sovannara a déclaré que la popularité du prince Ranariddh était une chance pour le parti, bien que celui-ci ne soit pas réellement en mesure de diriger le parti en raison de sa santé précaire. Si le fils du prince commence à être plus actif en politique il peut, espérons-le, restaurer la popularité du Funcinpec parmi les cambodgiens ». Pas sûr que les cadres du parti royaliste, ombre de lui-même, partagent cette analyse.

Copyright@Frederic de Natal

Publié le 29/11/2019

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