Le prince Rafael

Il a 33 ans, c’est le prince célibataire le plus convoité du Gotha en ce moment. Héritier de la maison impériale du Brésil, qui a régné sur cette partie de l’Amérique du Sud de 1822 à 1889, Rafael Antonio Maria José Francisco Miguel Gabriel Gonzaga de Orléans e Bragança e Ligne a accordé une interview au magazine « Herdeiros do Porvir » qui traite mensuellement de l’actualité de la famille impériale et des activités monarchistes. Depuis la mort accidentelle de son frère aîné en 2009 dans le crash de l’avion qui le menait vers Paris, le prince Rafael se dit désormais prêt à assumer ses fonctions et se jeter dans la bataille pour la restauration de la monarchie.

21La dernière fois qu’il a été interviewé, c’était en août en 2018 dans le magazine Point de Vue. Il était à la veille d’un départ pour la capitale française. Un stage professionnel  de six mois pour compléter son diplôme d’ingénieur commercial obtenu en 2010 au sein de  l'Université pontificale catholique et un retour à ses racines. Cadre dans la compagnie des boissons des Amériques (Ambev), filiale du groupe brassicole belgo-brésilien Busch Inbev, le prince Rafael est issu de la lignée Vassouras de la maison impériale et un descendant de Louis-Philippe d’Orléans par son petit-fils Gaston, le comte de d’Eu. Dans son sang coule le roman de ces grandes familles royales et aristocratiques qui ont fait l’hagiographie de l’Europe. Son nom est une envolée lyrique qui nous ramène aux plus grandes heures de l’histoire de France et du Portugal dont le destin commun sous le Premier Empire a indubitablement contribué à l’essor et la fondation du Brésil moderne. En fuyant Lisbonne en 1807, les Bragance se sont réfugiés dans leur colonie du Brésil et ont fini par développer cette partie de l’Amérique du Sud pour la mener vers l’indépendance en 1822. Non sans mal. Fils de Philippe Egalité, général de la révolution, duc d’Orléans,  roi des Français, Louis-Philippe monte sur le trône de son cousin Charles X en 1830 et ramasse une couronne à terre qui sera finalement fatale à ces Capétiens dont l’ascendance remonte à « Monsieur », le frère de Louis XIV.  Dans les familles royales et impériales, le sang bleu épouse le sang bleu. Anecdote ironique, initialement le prince Gaston devait épouser la princesse Léopoldine de Bragance, fille cadette de l’empereur dom Pedro II. Mais elle et sa soeur, Isabelle, décident d’épouser celui vers qui leurs cœurs les portent naturellement. Et pour Isabelle, ce sera le fils du duc de Nemours. Une union qui donnera 4 enfants.

«J'ai l'intention de garder la tradition des mariages dynastiques de la famille ». Le prince Rafael est un célibataire endurci, sportif accompli (squash, tennis, golf), dessinateur de croquis à ses heures perdues et profondément attaché à la religion catholique. On ne lui connait pas de romances-du moins pas publiques- mais cela n’est guère sa préoccupation actuelle. Si Dieu doit pourvoir au trône, il pourvoira bien une impératrice au Brésil semble dire ce jeune trentenaire  lors de son interview. « Je pense que le plus important est de trouver une personne qui a les mêmes principes et valeurs et qui  a reçu la même éducation. C'est essentiel pour le bonheur d'un couple, de croire au même idéal, et que l’on pourra transmettre à ses enfants » avait-il déjà déclaré en 2012  au « Herdeiros do Porvir ».

Il  a le goût du voyage et de la découverte. Une passion de famille qui l’a mené à la fois en Asie, à Londres et en France. De son propre aveu, le prince confesse dans son interview que ce dernier pays l’impressionne :« c’est l'admiration que la population porte à ces rois et reines, ces chefs d'état qui ont gouverné ce pays, qui reste encore si forte et présente dans leur vie de tous les jours. Il y a un certain patriotisme, une adoration pour ces personnages historiques, qui ont construit et façonné cette nation (…) que j’aimerais voir au Brésil, - un pays d'une histoire incroyable et riche de culture – qui devrait exalter les héros qui ont aidé à construire notre pays ».

22 3Avec le renouveau monarchique au Brésil, le prince a retroussé ses manches. Lors des précédentes manifestations anti-gouvernementales, on l’a vu distribuer des tracts en faveur de la monarchie et il prend régulièrement la parole durant les rencontres annuelle monarchiques organisées à Rio de Janeiro. Il fait fi des caricatures qui accompagnent  régulièrement son cher « Pais tropical ». Samba, liberté sexuelle et football (qu’il apprécie toutefois) sont remplacés par Dieu, rigueur et le respect de la tradition. En costume 3 pièces, il incarne le charme à la brésilienne  et on se presse pour faire un selfie avec le « Príncipe Imperial do Brasil ». Il a d’ailleurs représenté sa famille lors des obsèques du Grand –duc Jean du Luxembourg en mai dernier. « Depuis que je suis petit, mes parents nous ont formé pour être à la disposition et au service de notre pays » déclare le prince Rafael.  Il est difficile pour lui de choisir quel prince il admire le plus de sa famille : « ils ont tous des caractéristiques que j'apprécie et qui m’inspirent. Je peux citer l’intrépide Pierre Ier qui a proclamé l'indépendance du Brésil, Pierre II et sa sagesse, qui s'est illustré pendant ses premières années en tant que chef d'état, ou par le courage de la princesse Isabelle dont on se souvient qu’elle a signé la Loi d’Or ». Et qui scella malheureusement le destin de la monarchie brésilienne. « Je dois toujours être au service de la nation et cela me semble de plus en plus évident au fur et à mesure que je multiplie mes engagements, que je prends des responsabilités au sein de la cause monarchique. Je travaille dans un seul but majeur, pour le bien du Brésil et des brésiliens. Même si je ne suis pas appelé à monter sur le trône, ma mission est de laisser derrière moi un héritage pour les générations futures afin que celles-ci contribuent à fonder un Brésil meilleur que ce qu’il n’est aujourd’hui ». Croit-il dans les chances d’une restauration de la monarchie ? Oui, « j’ai beaucoup d’espoirs que cela se réalise  et avec elle de meilleurs jours à venir pour le Brésil » affirme le prince impérial qui accuse la république d’avoir bercé « d’illusions » les brésiliens et qui cite les monarchies européennes en exemple, cette « harmonisation des trois pouvoirs ». « Nous devons nous unir autour d’un même idéal, des valeurs et des principes fondateurs de notre pays et nous pourrons atteindre notre objectif, celui d’imposer notre nation au sein du concert mondial » renchérit le prince en guise de conclusion et qui n’est pas dénué d’ambitions personnelles.

Avec un gouvernement qui inclut désormais une dizaine de ministres monarchistes, le retour d’un groupe royaliste au sein de l’assemblée nationale et un possible référendum sur la question du retour de la monarchie en 2022 (20 à 30% des brésiliens y seraient favorables), il est probable que le prince Rafael d’Orléans-Bragance soit appelé à jouer un rôle non négligeable dans la restauration de la monarchie. « Une question de temps désormais. La monarchie est le régime de l'avenir, et les gens comprennent aujourd’hui que ce n'est plus une chose du passé. ».


Copyright@Frederic de Natal

Paru le 15/07/2019

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